Mieux vaut une tête « bien faite » que « bien pleine ». L’éducation, c’est « l’art d’éveiller les vertus de l’âme » – Socrate – En France il s’agit avant tout de lutter contre les inégalités

LES ENJEUX

Selon les dernières études PISA (Programme for International Student Assessment), la France est régulièrement pointée du doigt pour ses « mauvaises » performances comparées aux autres pays de l’OCDE sur le sujet de l’Education Nationale. Plus exactement, il apparaît nettement une inégalité des performances en fonction du milieu social des élèves, et d’une manière générale, des performances moyennes sur les différentes matières évaluées.

En parallèle sur le podium des performances, se place très haut la Finlande qui se retrouve à la première place tous critères d’évaluation confondus et depuis plus de vingt ans à présent. Pour de mauvaises raisons, on tente d’expliquer la performance de l’école finlandaise : par la « petite » taille du pays (or des pays plus petits ne réussissent pas aussi bien), par la faible densité de population (or ceci correspond plus à un handicap pour homogénéiser l’offre éducative), par une faible immigration (or l’immigration représente 5,8 % de la population en 2017 et dans certaines régions ce taux peut être supérieur à 30 % dans les écoles)… La véritable raison nous confirme la dernière enquête du PISA (2019)  s’explique aussi bien par de nombreux critères relevant tant de son histoire et du rôle assigné à l’école, que par le critère de l’autonomie et du travail pédagogique des enseignants animés d’une volonté de favoriser une véritable égalité des chances pour tous ses élèves dès l’âge de sept ans. Par souci d’honnêteté, il est important de noter également que le système de l’éducation en Finlande est « quasi public » à 97% en rapport à celui de la France à 79% public. L’école privée en France, de par son coût et son mode de sélection va « retirer » de l’école publique un certain nombre d’élèves à majorité plus performants. Ceci va limiter l’effet naturel d’inclusion et d’émulation que l’on peut retrouver dans le modèle Finlandais et contribuer à creuser davantage les inégalités entre les élèves, en réduisant « l’équité sociale ».

Nous pensons donc que ce modèle Finlandais pourrait être transposable en France, ou à tout le moins, que nous pourrions nous en inspirer.

En effet, la France occupe la 27e place sur les 72 pays évalués, tout juste dans la moyenne. Peut faire mieux ! Oui, nous le pensons. Les résultats français en terme de sciences, mathématique et compréhension de l’écrit sont moyens et surtout ne progressent pas. En fait, l’école française est bien plus inégalitaire, que la plupart des écoles des pays de l’OCDE. Cette inégalité est accentuée par le manque « d’équité sociale », ce qui est inquiétant. D’ailleurs en 2015, l’OCDE a recommandé à  la France de rendre son système éducatif plus équitable, de soutenir les élèves et les établissements défavorisés, de lutter contre l’échec scolaire dès le plus jeune âge, d’améliorer la qualité de l’enseignement et de la transmission du savoir dans le primaire et le secondaire, mais aussi de revaloriser le métier d’enseignant, et enfin de rehausser la qualité et la valorisation des filières professionnelles au lycée.

Mais au-delà même des disciplines, nous défendons l’idée qu’il vaut mieux une tête « bien faite » que « bien pleine ». A ce titre l’éducation doit contribuer à l’émancipation des individus, à la formation d’une capacité de jugement indépendante, que ne permet pas le système actuel d’une éducation plus utilitariste. Il est important de sortir d’un enseignement où l’on demande à un élève d’apprendre « par cœur », et lui permettre, par conséquent, de faire ses propres expériences, hors modèle de compétition mais dans un modèle de coopération créative avec les autres, dans le respect de l’humain et de tous les êtres vivants de la planète. Nous partageons cette idée de Socrate qui voyait en l’éducation « l’art d’éveiller les vertus de l’âme », telles : l’humilité, la générosité, l’honnêteté, la tolérance, la bienveillance, qui ne sont pas du seul ressort des enseignants mais également des parents.

Enfin, nous pensons important que l’éducation puisse contribuer à une meilleure gestion des émotions. En effet, la généralisation de la violence est très préoccupante, et elle se manifeste de plus en plus jeune. Cette violence est nourrie par les écrans de cinéma et télévision, mais également par celle véhiculée sur les réseaux. Cette culture de la violence est pernicieuse, et il convient de prendre toutes les dispositions pour revenir à des modes de communication plus apaisées.

QUELQUES ORIENTATIONS

Plusieurs axes d’amélioration sont identifiés, tant en ce qui concerne la culture de nos institutions que la pédagogie et le relationnel dans l’enseignement.

En ce qui concerne tout d’abord la culture de nos institutions, nous souhaitons réaffirmer que les trois objectifs vers lesquels l’Éducation Nationale devrait tendre, sont :

  • l’objectif d’éducation, et plus précisément, que l’école doit former des citoyens « bien éduqués », c’est-à-dire capables de trouver une place harmonieuse, dans le groupe et dans la nation : des « gentlemen » dans la vie en société
  • l’objectif professionnel, à savoir un modèle qui permet à ses jeunes de trouver un métier qui réponde aux besoins de l’économie et de la solidarité nationale du pays, et ce pour faciliter l’accès à la vie professionnelle
  • l’objectif de transmission de connaissances, visant notamment à contribuer à l’émancipation des individus, à la formation d’une capacité de jugement indépendante

On pourrait résumer ces trois objectifs en une seule direction : aider les élèves à croitre en humanité et leur permettre de devenir des membres éthiquement responsables au sein de la nation Française. Dans ce « cadre » on pourrait retrouver dans un enseignement fondamental, sept thèmes transversaux obligatoires : devenir une personnalité, former une identité culturelle avec une dimension internationale, apprendre à communiquer quelques soient les outils et moyens, devenir un citoyen participant à la vie en société et dans le monde de l’entreprise, être responsable de son environnement au sens le plus large du terme, du bien-être et du développement durable, être acteur de la sécurité routière, concevoir les développement technologique avec pour seule cible, celle d’être une aide à l’homme mais en aucun cas un substitut vecteur de déshumanisation.

Toujours en ce qui concerne la pédagogie et le relationnel de l’enseignant, la formation des enseignants doit être aussi importante pour la maîtrise des diverses disciplines, que pour la maîtrise pratique de la pédagogie, avec de nombreux stages, permettant d’avoir une proximité d’écoute et de compréhension avec les élèves et de développer des modes opératoires inter et intra personnel tels : l’empathie, l’interaction, le positif, la justesse d’appréciation, le sens de l’expérimentation. En d’autres termes faire en sorte que la formation des enseignants leur permette d’être plus armés pour relever les défis directement liés aux enjeux évoqués. La revalorisation des conditions de travail et du niveau de rémunération des enseignants devra être concomitante à cette réforme de la formation souhaitée. Un professeur débutant gagne le salaire médian français (environ 1600 euros nets) et au bout de vingt ans 2300 à 2500 euros, soit environ 6000 euros annuels de moins que la moyenne des enseignants de l’OCDE. Depuis plusieurs années, avec les suppressions des IUFM, l’enseignement est désormais le seul métier de la fonction publique privé d’une formation pratique digne de ce nom.

L’enseignant, de notre point de vue, et en s’inspirant de la conception « holistique » de l’éducation de construction d’un savoir, définie notamment par les travaux du psychologue Jean Piaget (1896 – 1980), doit être un facilitateur d’apprentissage qui va savoir créer une ambiance de confiance et de sécurité psychologique où chacun va pouvoir s’exprimer librement, où l’écoute et la tolérance seront les clés d’une bonne transmission. Il doit être un pédagogue constructiviste, c’est-à-dire être dans une logique de destinataire de son enseignement, et partir à travers les conceptions du monde de l’apprenant, pour le faire entrer dans des environnements d’apprentissage stimulants, sans déverser un savoir uniforme que seuls les plus adaptés pourraient s’approprier. Nous pensons également que comme dans le modèle Finlandais, l’enseignant doit devenir un « directeur de conscience humaniste » qui revient à faire prendre conscience à l’élève de la dimension éthique de l’existence.

D’après Paul Robert (La Finlande : un modèle éducatif pour la France, esf éditeur, 2010, p.73), le renforcement de la dimension « holistique » du système éducatif vient compenser un délitement familial et social dans les familles finlandaises (harcèlement à l’école, déstructuration familiale). L’école favorise ainsi le « développement des compétences émotionnelles, sociales, éthiques et esthétiques ».

QUELLES PROPOSITIONS

L’un des critères de réussite pour le renouveau du système éducatif en France, sera un faible taux de redoublement obtenu grâce un enseignement individualisé et à un enseignement différencié pour tenir compte, comme en Finlande, des écarts de niveaux.

D’autres critères de réussites sont aussi identifiés avec l’apprentissage de l’autonomie à travers le choix des études. Des choix précoces mais accompagnés favorisent l’autonomie et dans les lycées professionnels, l’accent doit être mis sur la création d’entreprise.

La durée des séances de cours ne doivent pas dépasser 45 minutes pour favoriser la performance et être suivie d’une pause de 15 minutes, et ce à raison de six séances par jour sur cinq jours. Les sorties des classes ne doivent pas dépasser 15h pour permettre les activités artistiques et sportives. Le temps pour les devoirs à la maison ne doit pas excéder 5h par semaine.

S’inspirant du système éducatif Finlandais, en primaire et au collège, aucun cours « magistral ». En effet, les élèves sont mis en activité, seul ou par groupe et le professeur n’est qu’une « ressource parmi d’autres » qui va solliciter la participation des élèves et sera attentif à leurs demandes. « Les choses que l’on apprend sans joie s’oublient vite », ainsi une part importante des apprentissages doit se faire à travers des activités ludiques, intéressantes et qui ont toujours un sens pour l’élève. Au lycée, les cours sont plus magistraux car chaque cours modulaire doit répondre à un objectif programmatique. Ainsi en mobilisant moins d’heures de cours et de travail à la maison, les élèves devrait atteindre un meilleur niveau de performance grâce aux rythmes scolaires et aux pédagogies mis en œuvre.

L’égalité des chances, notamment en primaire et au collège, reste primordiale ce qui doit nécessiter une prise en charge particulière. Afin de repérer les éventuelles difficultés en amont, une coopération doit exister entre l’école primaire et le collège. En cas d’identification d’un problème, un dispositif de remédiation, adapté à la situation, doit être mis en place. Cette aide peut être individualisé ou collective. Elle est mise en place grâce à l’intervention d’assistants d’éducation ou d’enseignants spécialisés qui vont accompagner pour le temps nécessaire, trois ou quatre élèves (sortis de leur classe) ayant des problèmes spécifiques. Une fois le retard de l’acquisition comblé, l’élève retourne dans sa classe. La détection précoce d’un problème permet d’obtenir de meilleurs résultats dans les solutions mises en place.

Dans les lycées, la pédagogie différenciée est à mettre en place. En fonction des besoins particuliers des élèves, des groupes de 10 élèves maximum peuvent être formés pour des enseignements différenciés sur une période déterminée.

Gratuité pour tous pour la cantine, dans le but de favoriser l’égalité des chances. Il en est de même pour le transport, toutes les fournitures (stylo, colle…) et les manuels.

Dans ce système réformé que nous souhaitons pour l’Éducation Nationale Française, une relation de promiscuité et de confiance doit s’instaurer entre l’enseignant et l’élève. Cette promiscuité peut s’envisager par l’instauration de « journées à thème » à l’école. Ces évènements permettent de lisser les inégalités et de souder la communauté « classe » ou « établissement » tout en contribuant à son identité.

Dans le cadre des sanctions, une exclusion de trois mois maximum peut être décidée par le chef d’établissement avec obligation pour l’élève (avec l’aide de ses enseignants) de poursuivre son apprentissage à la maison.

Enfin l’un des derniers critères de réussite sera d’instaurer un système d’évaluation motivant, non humiliant, permettant de grandir. L’évaluation va mentionner avant tout les « acquisitions » et ne pas s’appesantir sur les « manquements » qui feront eux l’objet d’une remédiation si nécessaire.

COMMENT ?

Le coût par élève en France est à peu près équivalent à celui de la Finlande qui enregistre pourtant de meilleurs résultats. Le coût de cette adaptation notamment dans les collèges est compensé par les « économies faites » grâce au faible taux de redoublement, l’absence de vie scolaire, de corps d’inspection et une administration très décentralisée.

Comme pour chacun des domaines de notre projet politique, il conviendra d’engager les réformes législatives et réglementaires pour atteindre les orientations définies plus haut, mais aussi de réorienter les aides publiques à la mise en œuvre de ses orientations.